Legislation et addiction aux jeux d’argent

Plus de 600.000 Français seraient addictés aux jeux d’argent. Le gouvernement Français, avec le Pmu et la Française des Jeux a mis en place un centre de recherche sur ce phénomène très mal connu en France. L’addiction devient un enjeu majeur pour l’Etat afin de palier aux maladies des joueurs compulsifs.

Les jeux d’argent dans les casinos traditionnels, sur internet, le poker, les paris sportifs, le Rapido et les jeux à gratter sont souvent accusés d’être la source de comportements déviants appelés « addiction ». Elle peut concerner chacun de nous : joueur occasionnel ou amateur de jeux d’argent. Selon les dernières estimations des spécialistes, le nombre de joueurs souffrant d’addiction aux jeux d’argent en France approcherait les 5% à 6% de la population adulte.

Il existe trois sortes de joueurs : les joueurs occasionnels qui jouent pour le plaisir et conçoivent les jeux d’argent comme un amusement, les joueurs professionnels qui participent à des compétitions et choisissent les jeux d’argent comme profession et enfin, les joueurs compulsifs ou excessifs qui jouent pour vivre. Ce genre de joueur n’a plus en tête la notion de gain ou de perte, son obsession consiste à jouer sans fixer des limites de temps et d’argent.

Selon les expériences des médecins traitant des joueurs compulsifs, l’addiction se déclenche fréquemment après un gain important ; le joueur pense pouvoir rééditer son exploit. Malheureusement, l’adage du « jamais deux sans trois » n’est pas souvent transposable aux jeux de hasard. Le tourbillon emporte le joueur sans que celui-ci s’en rende compte. Quelquefois, il entraîne dans sa chute son entourage. Peuvent alors s’enchaîner insomnies, perte de l’appétit, irritabilité, dépressions, et parfois tentative de suicide.

Pour la première fois en France, le CHU de Nantes, la Française des jeux et le PMU ont ouverts un centre de recherche sur l’addiction aux jeux d’argent. Placé sous la responsabilité du Professeur Jean-Luc Vénisse, les activités du centre seront axées sur la formation du corps médical et paramédical ainsi que l’accumulation des connaissances et des données médicales sur la prévention et le traitement de l’addiction aux jeux d’argent.

La législation en vigueur

Les pays européens ont tous une fâcheuse tendance à vouloir garder impérativement leurs mannes financières que représentent les jeux d’argent. Charlie McCreevy, commissaire européen en charge de faire respecter la loi sur la libre circulation des services, dont les jeux d’argent, a tapé du poing sur les états pour violation.

Le Ministre français du budget et des finances, Eric Woerth, vient d’annoncer le 8 avril 2008 l’ouverture du marché français des jeux d’argent et des paris par une phase d’expérimentation en 2009 ou début 2010. Une bonne nouvelle pour les joueurs français et les sociétés de paris en ligne, qui jusqu’ici sont considérés comme illégaux sur le territoire français.

Suite à la remise du rapport de la commission Durieux et après une réunion avec le Ministre de l’Intérieur et le Ministre chargé des affaires européennes, Eric Woerth proposera très prochainement un texte en faveur de l’ouverture maîtrisée et régulée du marché français au Premier Ministre et au Président de la République. Avec un marché estimé à plus de 5 milliards d’euros, la France figure en cinquième place sur le marché mondial des jeux d’argent.

D’où l’impatience des industriels du jeu en ligne et la prudence affichée par l’Etat pour ouvrir cette vraie boîte de Pandore. Il faut souligner que le gouvernement français a été un peu obligé d’ouvrir son marché des jeux à la concurrence sous la pression de la Commission Européenne. Celle-ci avait envoyé un « avis motivé » le 27 Juin 2007 à l’Etat. Dans le cadre d’une réponse visant à protéger les monopoles de la FDJ et du PMU sous des prétextes loufoques, la Commission Européenne envisageait de traduire la France devant la Cour de Justice Européenne, avec à la clé, une forte amende et l’obligation d’ouvrir son marché des jeux.

A noter qu’actuellement, l’Italie, L’Espagne, la Pologne, l’Angleterre et Malte respectent la libre concurrence dans les services des jeux en ligne sur le continent européen. La Suède, la Grèce, l’Allemagne et la Finlande font l’objet aussi « d’avis motivés » de la part de la Commission Européenne. On peut envisager une libéralisation du secteur des jeux en 2009 pour tous les pays d’Europe, contrairement aux USA qui interdisent les flux financiers vers les sites de jeux en ligne.